Statut du travailleur étranger en France (Volet 1)
- avocat86
- 25 oct.
- 4 min de lecture

Le salarié expatrié : droits, obligations et points de vigilance
Ce premier volet est consacré au salarié étranger “expatrié”, c’est-à-dire la personne qui vient travailler en France de sa propre initiative ou via une embauche locale. Le cas du salarié détaché par un employeur établi à l’étranger fera l’objet d’un second article.
1) Principe : égalité de traitement et application du droit du travail français
Un salarié étranger embauché régulièrement en France bénéficie, en principe, des mêmes droits que tout salarié français : durée du travail, rémunération, santé/sécurité, congés, représentation du personnel, conventions collectives, etc. Ce principe découle de l’interdiction des discriminations fondées sur l’origine ou la nationalité (Constitution, Code du travail, textes internationaux).
À retenir : la réglementation du travail et la convention collective applicables dans l’entreprise s’appliquent à l’identique au salarié étranger régulièrement embauché.
2) Spécificités pratiques à connaître
Certaines particularités existent, sans remettre en cause l’égalité de traitement.
Langue du contrat et des documents : le contrat est en français. Une version de courtoisie (traduction) peut être utile pour la parfaite information du salarié.
Congés payés : mêmes droits que les autres salariés. Des aménagements conventionnels peuvent prévoir des jours supplémentaires non payés ou des reports pour les voyages dans le pays d’origine (à encadrer par écrit).
Logement : des règles spécifiques ont existé pour certains publics ; aujourd’hui, on veille surtout à la licéité des retenues liées à un logement mis à disposition.
Représentation du personnel : électorat/éligibilité suivent le droit commun (CSE, syndicats).
Conseil de prud’hommes / aide juridictionnelle : accès possible selon les conditions habituelles.
3) Travail temporaire et missions à l’étranger: restrictions
Le Code du travail interdit, sauf accords internationaux applicables, de mettre à disposition des travailleurs étrangers (non ressortissants UE) pour des missions exécutées hors de France par une entreprise de travail temporaire établie en France.Des sanctions pénales sont prévues en cas de manquement. Les ressortissants de l’UE/EEE/Suisse relèvent d’un cadre différent, lié à la libre circulation.
4) Rupture du contrat : pendant et après la validité du titre de travail
a) Pendant la validité du titre
Le contrat peut être rompu selon le droit commun (discipline, insuffisance, inaptitude, rupture conventionnelle, etc.), dans les mêmes conditions qu’un salarié français.
b) À l’expiration du titre (non-renouvellement/refus)
L’employeur ne peut pas maintenir un salarié dépourvu d’autorisation de travail en France.
La jurisprudence a qualifié la rupture liée au non-renouvellement d’un titre de licenciement (et non de force majeure). L’absence de titre peut constituer une cause objective justifiant la rupture, mais n’emporte pas automatiquement faute grave privative d’indemnités : l’employeur doit, le cas échéant, caractériser la faute distincte dans la lettre de licenciement.
Lorsque l’employeur a contribué au non-renouvellement (retard de documents, non-paiement d’une redevance, légèreté blâmable alors qu’une régularisation était en cours), des décisions ont écarté la cause réelle et sérieuse.
c) Période d’instruction du renouvellement
Entre l’expiration du titre et la décision de la préfecture, le salarié peut conserver le droit de travailler dans des limites précises, notamment s’il dispose d’un récépissé portant la mention “autorise son titulaire à travailler”. L’employeur doit vérifier ce justificatif.
Bon réflexe employeur : respecter toute la procédure de licenciement quand la rupture est envisagée (convocation, entretien, notification motivée), et conserver les preuves des diligences (demandes de justificatifs, copies des récépissés, échanges avec l’administration).
5) Salariés au pair : un régime à part
Le travail au pair obéit à un cadre spécifique (hébergement, argent de poche, temps consacré aux tâches familiales, accès aux cours de langue, repos hebdomadaire). L’objectif est l’échange culturel, non un emploi dissimulé. Les cotisations sociales de la famille d’accueil doivent être régularisées.
6) Checklist express
Pour l’employeur
Vérifier avant embauche la validité du titre de séjour et de l’autorisation de travail (et, en cours de contrat, anticiper le renouvellement).
Fournir à temps les documents demandés par l’administration (attestation d’emploi, mentions requises, etc.).
En cas d’expiration du titre : solliciter les justificatifs (récépissé autorisant à travailler). En l’absence de régularité, ne pas maintenir l’emploi.
En cas de rupture : appliquer la procédure et motiver la lettre (cause objective / éventuelle faute distincte si alléguée).
Pour le salarié étranger
Anticiper la demande de renouvellement et se présenter en préfecture dans les délais.
Remettre à l’employeur les justificatifs (récépissé portant la mention adéquate).
En cas de refus/retard non imputable au salarié, conserver les preuves des démarches.
En cas de litige : envisager recours et/ou contentieux (prud’hommes) selon la situation.
Ce qu’il faut retenir
Le principe d’égalité s’applique : un salarié étranger régulièrement embauché bénéficie des mêmes droits que les autres salariés.
La langue, les congés et certains aménagements pratiques méritent d’être prévus par écrit.
À l’expiration du titre, l’employeur ne peut maintenir l’emploi sans autorisation de travail ; la jurisprudence qualifie en général la rupture de licenciement, et contrôle le comportement de l’employeur (diligences, contributions au non-renouvellement).
Le travail temporaire à l’étranger avec des travailleurs non-UE mis à disposition par une ETT française est interdit (hors cadres internationaux spécifiques).
Le travail au pair suit un régime singulier : attention aux dérives.
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